Résumé :
En 1844, à Tracadie, une épidémie fait rage depuis 50 ans. Pour tenter d’enrayer la contagion, les autorités décident d’isoler les malades sur la petite île de Sheldrake. Déportés de force, ils sont arrachés à leurs familles pour se retrouver dépourvus de soins adéquats et laissés dans des conditions de vie misérables à peine humaines… C’est ainsi qu’Isabelle, fille de Charlotte et de Gus, sera séquestrée, car on la suspecte d’avoir développé la maladie. Malheureusement, cette erreur médicale aura des conséquences pour tous les membres de cette famille.
Et surtout, comment survivre quand on a 13 ans, qu’on est entourée de malades et qu’on se retrouve seule au monde, responsable de son propre destin dans un lieu oublié et sans ressources ?
Mon avis :
Ce livre est dans ma PAL depuis qu’il est sorti c’est à dire des années. Pourtant ce n’est pas l’envie de le lire qui me manquait mais plutôt le temps. C’est avec Marine du blog atouchofbluemarine que je me suis finalement lancée. Le résumé de ce roman m’a tout de fait penser à un livre que j’ai lu il y a des années « l’île des oubliés » de Victoria Hislop vu qu’ils partagent le même thème : les léproseries. Ce roman allait il se démarquer ? La réponse est oui, l’auteure a su tirer son épingle du jeu et nous livre une histoire de famille riche et complexe.
J’ai aimé la construction de ce roman. Le narrateur est omniscient et nous offre une vision globale de la situation bien que très centrée sur la famille d’Isa. Nous pouvons ainsi suivre la jeune fille, ses parents, ses voisins mais aussi sa sœur aînée partie à Québec même si au départ je ne comprenais pas trop l’intérêt. Nous découvrons une famille très unie et aimante frappée par l’injustice. Non seulement les conditions des lépreux à cette époque et le sort qu’on leur réservait a de quoi nous révolter, mais nous le sommes d’autant plus que la jeune fille est victime d’une erreur médicale. Elle n’a pas la lèpre mais va se voir emprisonner, parce qu’il n’y a pas d’autre mot, sur cette île isolée.
Son destin m’a particulièrement émue et touchée. Elle est si jeune et souffre déjà tellement de cette exclusion, de cette ghettoïsation. Elle va devoir survivre loin des siens, dans des conditions plus que déplorables, au côté de malades agressifs. Comment pouvait on infliger ça aux lépreux ? Ils sont non seulement mis au banc de la société mais surtout déshumanisés. Ce ne sont plus des hommes mais des animaux qu’on laisse dépérir et mourir à petit feu…
En parallèle, nous suivons le combat d’une mère pour récupérer sa fille. Une mère désespérée, prête à tout pour prouver que sa fille n’est pas malade. Cette injustice renforce le côté dramatique de l’histoire qui n’en aurait pas été moins triste si Isa avait réellement la lèpre. Les changements de point de vue sont fluides, mais j’ai parfois eu l’impression que l’auteure énumérait des faits même si sa plume et très légère et fluide. Malgré un thème plutôt sombre, ce roman se dévore tout seul. L’auteure a choisi de ne pas abuser du pathos mais de nous livrer une histoire richement documentée.
Tout au long de ma lecture, j’ai été fortement intriguée par les débuts de chapitre, extraits de la correspondance entre Isa et son père Gus. Pourquoi écrit elle à son père et non à sa mère ? Un autre point a retenu mon attention, quel allait être le rôle de sa sœur aînée, Fanny ? Je n’ai pas la réponse à toutes ces questions à l’heure actuelle car il s’agit bien du premier tome d’une duologie. L’auteure a su ménager le suspense et c’est donc avec beaucoup d’impatience que j’attends de lire le 2eme tome.
Un premier tome très prometteur !
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