La tempête que nous avons déchaînée – Vanessa Chan

Résumé :

Malaisie, 1945. La famille de Cecily Alcantara court un terrible danger : son fils de quinze ans, Abel, a disparu, et sa fille cadette, Jasmin, doit s’enfermer chaque jour au sous-sol pour échapper au sort des jeunes filles de son âge, contraintes d’offrir du « réconfort » aux hommes de l’armée japonaise.

Quant à sa fille aînée, Jujube, qui travaille dans une maison de thé fréquentée par des soldats japonais, elle nourrit une colère de plus en plus difficile à cacher.
Cecily sait deux choses : tout est sa faute, et sa famille ne doit jamais apprendre la vérité. Dix ans auparavant, Cecily aspirait à être plus que la femme au foyer d’un bureaucrate modeste dans la Malaisie colonisée par les Britanniques. Une rencontre fortuite avec le charismatique général Fuijwara l’a entraînée dans une vie d’espionnage, à poursuivre ses rêves d’une « Asie pour les Asiatiques ».
Une décennie plus tard, alors que la guerre atteint son apogée, ses actions l’ont rattrapée. Sa famille est au bord de la destruction, et elle est prête à tout pour la sauver.

Mon avis :

J’étais très curieuse de découvrir la parution d’avril de la collection « Au gré du monde ». Je n’ai absolument pas lu le résumé avant de découvrir cette histoire mais le titre à lui seul permet de se faire une petite idée du sujet… Mais je ne m’attendais pas à une lecture aussi dure et aussi riche. J’ai passé un très bon moment.

Direction la Malaisie pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le fils de Cecily vient de disparaitre comme de nombreux adolescents sous l’occupation japonaise. Mais à la tristesse se mélange la culpabilité de cette mère qui s’estime responsable de sa disparition… Car bien des années auparavant, bien avant l’invasion japonaise, elle a fraternisé avec l’ennemi et livré des informations secrètes.

Le gros point fort de ce roman est sa construction narrative très habilement menée. L’autrice attise notre curiosité et nous appâte avec cette évidente culpabilité sans en dévoiler plus. Ce n’est qu’au cours du récit où le passé et le présent s’entremêlent à la perfection que la vérité se profile devant nous. Naturellement, avec beaucoup de fluidité. Plus j’avançais dans ma lecture, plus les pièces du puzzle se mettaient en place mais au départ je ne savais absolument pas où l’autrice voulait m’amener. D’autant que c’est un roman choral qui donne voix à différents membres de cette famille : la mère, la fille ainée, le fils et la benjamine de la fratrie. L’occasion pour chacun de nous livrer son quotidien, ses craintes, ses doutes, ses aspirations. Grâce à ses solides bases historiques, j’ai découvert tout un pan de l’Histoire vu par le prisme de l’opprimé, du colonisé. C’est un roman très dense et enrichissant mais assez sombre et dur dans les thèmes abordés. Il faut parfois avoir le cœur bien accroché face à toutes ces horreurs tristement véridiques. Le rythme volontairement lent permet de s’imprégner de l’atmosphère ambiante mais surtout d’appréhender la psychologie des personnages et notamment celle de Cecily, très complexe. C’est typiquement l’anti héroïne clivante qu’on a du mal à apprécier tant elle fait les mauvais choix, tant elle parait froide. Je n’ai malheureusement éprouvé aucune sympathie ou empathie pour elle. Mais globalement j’ai trouvé difficile de pleinement apprécié les personnages, c’est certainement du au fait que la narration est à la 3ème personne et crée une certaine distance. Le récit est donc par moment un peu impersonnel tandis que les émotions restent très pudiques. Néanmoins, je ne me suis pas ennuyée, poussée par l’envie de percer tous les secrets de cette mère de famille.

Ce n’est pas une lecture facile, à tous les niveaux. Le style est plutôt soutenu tant dans le langage que dans le schéma narratif et les enjeux politiques sont parfois difficiles à saisir. Mais c’est une lecture que j’ai su apprécier parce qu’elle m’a ouvert de nouveaux horizons.


Une lecture singulière mais dépaysante.

2 commentaires sur “La tempête que nous avons déchaînée – Vanessa Chan

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